L'Eveil du Faucheur Gris

Une nuit douce et calme pour lui, la Lune semble s'étirer en un sourire lumineux, éclairant le ciel noir de sa belle lumière, les étoiles étincèlent là-haut tels des diamants et des perles, les plus joyaux de la nuit.
Sur le balcon, il goûte à la douce fraîcheur de son amie la nuit, fermant les yeux un instant. Il est si fatigué qu'il ne se sent pas tomber lourdement sur le sol, torse nu couvert d'affreuses cicatrices, emmitouflé dans son long manteau gris, il ne se sent pas partir, il ne sent pas qu'il s'endort.

Et il ouvre les yeux...

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Et il ouvre les yeux sur le noir total. Il ne voit rien.
Soit, déjà qu'il est myope, cela ne change pas des masses, mais il sait distinguer ce qu'il y a autour de lui, et il peut deviner qu'il n'y a rien. Pour le moment.
Il entend des voix, bast, cela ne le dérange pas, il ne se dit même pas qu'il devient fou; il l'est déjà. Il rit.

Il avance à tâtons jusqu'à ce que soudainement, sous ses pieds, un sol de marbre apparaît et des boules de lumière à l'étrange lueur argentée éclairent alors son chemin. Sur des piédestaux dont il ne peut en deviner la matière - myope comme on vous l'a déjà dit - des objets apparaissent également. Et les voix lui demandent d'en choisir deux.
Il s'approche, il distingue les objets et il choisit promptement la faux et le bouclier. L'attaque physique tranchante de la lame de son arme de prédilection ainsi que la défense; il est très bon pour parer, de préférence toujours avec sa faux adorée.

-Je suis un faucheur après tout ! s'exclama t-il en souriant.

Puis les voix lui dirent d'en rejeter deux. Il choisit de renoncer à la magie qu'il ne possède pas et au soutien; car il n'est jamais d'une grande aide dans un combat de groupe si ce n'est pas lui qui se bat. Il a toujours du mal à aider les gens durant un duel.

Tout disparaît d'un coup et il se retrouve dans le noir. Il rit aux éclats, il aime le noir.

Soudainement il sent quelque chose le frôler, il s'entend rire mais ce n'est pas lui car ce rire ne vient pas de lui. D'autres boules de lumière s'allument alors, lui faisant voir une vague silhouette sombre, semblable à la sienne.
Un double fait d'ombres ? Intéressant.
L'ombre rit, le faucheur également.
Ils se jettent alors tous les deux l'un sur l'autre. Il pare la première attaque de son double, mais ne parvient pas à le déstabiliser. L'autre tente un coup de manche dans le crâne, le vrai faucheur le pare avec sa lame et frappe dans les genoux avec le manche, des coups secs et violents. Il enchaîne avec un crochet du gauche, il fait tournoyer sa faux pour l'intimider, pour ne pas qu'il s'approche. Le double esquive et touche de sa lame le faucheur en plein ventre, celui-ci est surpris, il cesse de rire et il constate qu'il est très gravement touché. La lame se retire de son ventre, laissant le sang gicler puis s'écouler. Mais il ne va tout de même pas mourir maintenant.

Le faucheur attaque le double aux jambes, ce qui le fait tomber tandis que lui se relève. Il se retourne et sourit, mais on ignore pourquoi il fait cela maintenant et à qui; car la personne ne doit pas être là n'est-ce pas ? Il est juste fou, c'est cela.

-Pour toi, je ne perdrai pas.

Et il s'élance contre son double, lui tranchant les chairs de sa lame et l'ombre disparaît.

Il sait qu'il vient de gagner.

En souriant il suit un chemin de boules de lumière qui le guident jusqu'à une grande porte d'ébène, encadrée par du marbre noir. Il rit encore de son rire étrange qui fait habituellement peur.

-Sympa l'endroit !

Il regarde la porte et se rend compte qu'il y a trois serrures; il doit trouver trois clefs; mais où sont-elles ?

Il entend alors une voix féminine un peu grave.

"Peux-tu apprécier le goût du poison ?"

-Quelle question me poses-tu !? Bien sûr que j'aime le goût du poison, si doux si délicat ! Surtout pour l'arsenic; mais je déconseille le cyanure, l'amertume qui en résulte n'est pas très agréable. La ciguë a un goût particulier, très bon dans les cocktails que l'on veut mortel ! J'ai failli en mourir une fois d'ailleurs...

Il a répondu en souriant, il aime bien cette question, un peu étrange, mais tellement amusante !

"Quel est le sourire qui t'effraie le plus ?"

Il rit aux éclats...

-Oh my darling ! On dit toujours que c'est moi qui ait le sourire le plus effrayant qui soit; peut-être à tort ou à raison je l'ignore, mais le fait est que je n'ai jamais trouvé un sourire pour m'effrayer !

"Qu'est-ce que la Mort ?"

-Moi.

Il est un shinigami après tout.

Puis il vit les trois serrures disparaître et la voix semble s'être tue, il ne l'entendrait plus. Dommage, se dit-il. Il aimait bien cette voix qui lui rappelait une personne lui étant si chère...

Il ouvrit la porte, jeta un dernier coup d'œil derrière lui, il lui a semblé voir une silhouette tout à l'heure, mais cela est certainement dû à son imagination débordante de shinigami; tout ceci lui semble comme un rêve, on peut tout se permettre dans un rêve n'est-ce pas ?

-Prends soin de toi, je te reverrai certainement.

Et il passe la porte.

Et il se réveille.